La philosophie, la démocratie athénienne, les banquets, le suicide commandé, tout ça, c’est un monde d’hommes. Mais si l’on cherche un peu, on peut dénicher quelques femmes de l’Antiquité grecque qui n’ont pas été totalement oubliées. C’est le cas de Xanthippe, l’épouse de Socrate, dont la détestable réputation est parvenue jusqu’à nous.
Socrate avait donc une femme, qu’il oubliait la plupart du temps pour se balader en dialoguant avec les beaux p’tits jeunes Athéniens. Xanthippe passait pour une affreuse mégère et on la représente traditionnellement en train de vider le contenu d’un pot de chambre sur la tête de son mari.
Un jour, Antisthène (si j’avais un fils, je l’appellerais Antisthène) interrogea le philosophe :
« Comment arrives-tu à vivre avec une femme qui, je le pense vraiment, est la plus insupportable de toutes celles qui ont vécu, qui vivent et qui vivront ?
– La raison, répondait Socrate, c’est que ceux qui veulent devenir de bons cavaliers ne se procurent pas les chevaux les plus doux ni les plus maniables, mais au contraire des bêtes sauvages et fougueuses car ils se disent que, s’ils ont été capables de tenir ceux-là en bride, il leur sera facile de venir à bout de tous les autres. C’est exactement ce que j’ai fait puisque ce qui m’importe le plus c’est l’art de vivre avec les hommes : c’est cette femme que j’ai prise, certain que, si je pouvais la supporter, je m’entendrais facilement avec tout le monde. »
Pourtant, on raconte qu’elle se désola comme les autres lorsque son mari fut condamné et qu’elle le pleura amèrement. C’est elle que David a représentée à l’arrière-plan gauche de son tableau, La mort de Socrate, faisant un geste d’adieu.
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